vendredi 7 mars 2014

6 mars 2014 de Lynyard Cay à Hope Town

6 mars 2014, de Lynyard Cay à Hope Town

Dame nature reigne en souveraine absolue sur le monde et dicte la conduite des marins, façonnant notre itinéraire au gré de ses humeurs. Elle nous offre cette fois-ci un beau petit cocktail qui nous force à aller se mettre à l'abri : la météo prédit des vents du sud virant à l'ouest à 25 noeuds avec des orages. 

Nous optons pour Hope Town avec sa lagune fermée aux quatre vents, ses quelques 50 corps morts (boules de mouillage) offerts sur une base de premiers arrivés premiers servis et ses deux marinas. Nous nous y rendons, confiants d'y trouver là un refuge pour quelques jours alors quelle ne fut pas notre déception lorsque nous entendîmes à  la radio qu'il ny avait plus de places disponibles, même ses marinas affichent complet. Certains bateaux modifient leur course pour aller à Marsh Harbour et pendant que nous sommes en approche du chenal d'entrée, des bateaux en ressortent bredouilles et nous invitent à rebrousser chemin. Nous voulons constater de visu que toutes les boules de mouillage sont prises et nous décidons d'y entrer. Abracadabra! Nous apercevons pas une mais deux boules de mouillage sorties tout droit du chapeau du magicien, tout au fond de la lagnue, près des quais et des restaurants. Nous nous empressons d'en prendre une tout en se disant qu'il doit y avoir anguille sous roche. Quelqu'un viendra bien nous déloger. Puis les heures passent et personne ne vient. Nous sommes donc épatés encore une fois de la crédulité des gens et de l'effet boule de neighe que peut avoir une nouvelle sur la VHF.

Nous avions reçu un appel radio de Pinacle, Gigi et Bob qui se sont trouvés derrière nous et nous sommes bien heureux de les revoir et on se donne rendez-vous à Hope Town. Cependant à la toute derrnière minute, ils ont modifié leur course pour aller à Marsh Harbour et on remet ça à une prochaine fois.

Conditions de navigation

À la voile, il y a du vent ce matin et nous devons faire plusieurs changements de bords puisque la route   va en zigzaguant entre les hauts fonds. 

Distance parcourue : 14 miles marins ( 25 km)
Durée : 4 h à une vitesse moyenne de 3,5 noeuds
Vent : 10 à 15 noeuds de l'est, température de 25 °
Vagues : houle dans les passages entre les îles sinon, < 1' sur la mer des Abacos

Ancrage

Accrochés à un corps mort dans la lagune de Hope Town à Elbow Cay
Coordonnées GPS : 26 32.255, -76 57, 568

Le mot du Capitaine

Le passge entre Tiloo Cay et Lumber Quarter vers Elbow Cay est indiqué comme étant peu profond et les cartes nous invitent à prendre le détour par la mer des Abacos pour se rendre à Hope Town. L'an dernier nous avions suivi Footloose qui connaissait ce passage et nous avons réalisé qu'à marée haute il y a assez de profondeur pour un tirant d'eau de 5' comme le nôtre. Le niveau le plus bas que nous ayons lu est de 7,1 pieds. Encore une fois, la trace que j'avais faite sur notre GPS à notre dernier passage m'a bien servie cette année. 






5 mars 2014 de Royal Island à Lynyard Cay Abacos

5 mars 2014 de Royal Island à Lynyard Cay Abacos

En campagnie de Zeeland, le départ de Royal Island comme prévu à 4 h s'est fait dans l'obscurité la plus totale. Comme le mentionnait mon Capitaine hier, nous avons utilisé la trace sur les appareils pour sortir de la lagune sans encombres. De là, toujours dans l'obscurité, nous nous sommes dirigés vers le passage étroit entre les deux îles Little Egg et Egg Island pour ensuite déboucher en mer. 

Vous dire le nombre d'étoiles qui tapissent la voûte céleste en mer; les compter ne serait que pure folie. Déjà l'aube se devine à l'est, il est presque 5 h, le ciel commence à se teinter de rose, porteur d'une nouvelle journée.

Nous avons eu une traversée sans histoires, une longue houle de 4 pieds nous a accompagnée tout au long des 11 heures de traversée. Seule ombre au tableau, il n'y a pas eu de vent. La météo nous annonçait 10 noeuds du sud et c'est bien ce que nous avons eu mais au portant cela ne représente que 5 noeuds. Nous avons sorti les voiles puis nous les avons rentrées puis nous les avons sorties à nouveau pour les rentrer pour de bon et continuer à la voile d'acier. Nous avons pris des tours à la roue et pendant que l'un faisait la sieste ou vaquait à quelques occupations légères, l'autre mettait le pilote automatique  durant son quart de vigie.

Nous traversons des eaux aigue-marine intense atteignant une profondeur 4 km, la canne à pêche reste muette, tout est chimérique.

Malgré tout, une longue traversée c'est exigeant et nous arriivons à Lynyard Cay dans les Abacos fatigués et heureux que tout se soit bien déroulé.

Conditions de navigation

Au moteur, vents du sud, navigation au portant. 

Distance parcourue : 57,4 miles marins (103 km)
Durée : 11 h 15 m
Vents: 10 noeuds du sud 
Vagues : longue houle de 4' aux 7 secondes

Ancrage

Coordonnées GPS : 26 22.068, -076 59.062
Ancrés dans 12' d'eau à marée descendante. 90' de chaîne, bonne tenue.

Le mot du Capitaine

Le passage entre les deux îles Egg est étroit mais si nous le prenons à marée descendante, il n'y a pas de courant. Le niveu d'eau le plus bas que nous ayons lu sur notre GPS est de 9,1'

4 mars 2014 Royal Island

4 mars 2014 Royal Island 

Un jour des plus paisibles, eau dormante et ciel impassible, Royal Island s'est endormie. On se croirait dans le conte de la Belle aux bois dormants, toute activité suspendue, pelles mécaniques laissées en plan, développements domiciliaires inachevés. La nature reprend ses droits, elle envahit les rues étroites, elle se faufile dans le moindre interstice. Éole à déployé sa force pour disloquer les brise-lames et les remparts de béton. Pas un souffle de vie, rien que ruines n'y subsistent.








Pourtant, Royal Island aurait pu devenir un des joyaux des Bahamas. Elle offre un abri contre tous les vents, son sol est fertile et sa position géographique en fait un incontournable pour quiconque veut se rendre aux Abacos.

Nous admirons le panorama, Sagwa et Zeeland dans la lagune et nous nous remémorons de beaux souvenirs, salut Jean mon frère, salut Jeff et Suzanne du Footloose et salut Alain et Lyne du Laisser-Aller avec qui nous avons voyagé l'an dernier.



Conditions de navigation

Pas de navigation aujourd'hui, très chaud, Galarneau nous darde de ses rayons.

Ancrage

Pas de changement

Le mot du Capitaine

En compagnie de Michel et Ursula du Zeeland, nous avons élaboré les plans de navigation de cette nuit. Nous quitterons Royal Island à 4 h et il sera bien utile d'utiliser la trace que nous avons faite à l'aller et sur le GPS et sur la tablette dans l'appli Garmin car bien qu'il y ait des aides à la navigation lumineuses, nous n'y verrons que dalle!
















mardi 4 mars 2014

3 mars 2014 de Alice Town Hatchet Bay vers Royal Island

Le 3 mars 2014 de Alice Town Hatchet Bay à Royal Island

Nous quittons Alice Town après presqu'une semaine en sécurité dans la lagune, attachés à notre corps mort. Nous partons en mini flottille de 3 bateaux en direction de Royal Island, à la lisière du nord d'Eleuthera et de Spanish Wells. Au passage nous observons les silos, ces gardiens d'une époque révolue qui se dressent solennellement pour nous rappeler leur passé glorieux.


Une journée de navigation tout en douceur, pas de vents, pas de vagues...pas de poissons. Pas de poissons? Oh que oui! Nous avons pêché deux barracudas que nous avons relâchés. Le premier je l'ai rentré assez facilement mais le deuxième c'était du calibre! C'est mon Capitaine qui s'en est chargé à la fin car j'étais épuisée, il m'avait donné du fil à retordre au sens propre comme au sens figuré. À la toute dernière seconde, au moment de sortir ce gros poisson de plus d'un mètre, le fil a cassé et il est reparti avec ma belle vieille pieuvre rose...Snif! Snif! 

La route nous mène vers le passage Current Cut, petite ouverture entre deux îles, peu profond, étroit et avec beaucoup de courant. Hier nous avions consulté les tables des marées pour nous assurer que nous le prendrions à marée descendante et c'est tout de même avec 5 noeuds de courant que nous le traversons. Combinés à notre vitesse de 5 noeuds, en quelques secondes nous filons à 10,2 noeuds. Waouhououou!

Je vois d'ici votre air dubitatif mais voici pour les sceptiques une photo montrant 10,1 noeuds.


Et celle-ci montre clairement la crête sur le schéma de notre vitesse



Nous voilà en approche de Royal Island, on aperçoit Eleuthera à droite et Spanish Wells au centre alors que Royal Island est à gauche sur la photo.


Conditions de navigation

Navigation au moteur, vent arrière trop faible pour naviguer au portant. Averses en début de matinée puis soleil et 25°.

Durée : 5 heures
Distance parcourue : 25,7 miles marins ou 46,5 km
Vitesse moyenne : 5,14 noeuds 

Ancrage

Coordonnées 25 30.853, -76 50.819
En face de la tour Batelco
10´ d'eau, touée de 6

Un clin d'oeil à l'histoire

Retour en terrain connu et hormis quelqu'endroit que je n'aurais pas vu l'an dernier, je ne vais plus publier cette chronique par peur de redondance. 

Le mot du Capitaine

L'entrée à Royal Island est bien indiquée sur les cartes mais il suffit d'un manque d'attention et on peut prendre le mauvais côté de l'écueil à fleur d'eau. D'ailleurs, il est tentant de prendre l'entrée plus large sur tribord du récif alors que c'est l'inverse, il faut prendre celle sur bâbord.

Photo de notre i-Pad, l'appli Garmin.



















lundi 3 mars 2014

2 mars 2014 Gregory Town, Window Glass Eleuthera

2 mars 2014 Gregory Town, Glass Window à Eleuthera


Le 2 mars 2014, Gregory Town, Glass Window à Eleuthera

Nous sommes un peu confinés ici à cause de mère nature mais qu'à cela ne tienne! Nous irons donc visiter le nord de l'île en voiture. Il y a un attrait touristique digne de mention et c'est le Glass Window Bridge un peu au nord ouest de Gregory Town et à une quinzaine de kilomètres de Alice Town. Situé sur la partie la plus étroite de l'île, ce bras de terre, mince comme un fil reliait le nord et le sud de l'île avec sont pont naturel, séparant les eaux tumultueuses de l'Atlantique de celle plus calmes du grand banc d'Eleuthera.

Peinture de Winslow Homer en 1885.


Les forces titanesques de la nature se conjuguent au plus que parfait et les énergies déployées imposent ici leur dominance sur ces masses d'eau indomptées. En1918, une mer en furie, courroucée par les vents déchaînés d'un ouragan ont soulevé des pans du rocher pour aller les déposer à 1,5 kilomètre de là. Aujourd'hui un pont construit de mains d'hommes relie ces deux parties mais les autorités sont sans cesse en alerte, un jour ou l'autre, la mer l'emportera avec elle.

Le côté du banc n'a que quelques mètres de profond

Tandis que le côté mer a 30 mètres au pied du précipice.

Ce lieu, bellisime et effrayant, à la fois nous fait réaliser combien nous sommes petits face aux éléments.

Nous avons circulé à travers le village de Gregory Town, petite bourgade bien colorée qui abrite une minuscule anse pouvant accueillir quelques bateaux, tout au plus 3 ou 4. Nous ne nous y sommes pas arrêtés mais on lui dit 'À la prochaine!'.






Au retour sur le bateau, un dauphin était en train de pêcher et nous avons pris le temps de le regarder évoluer. Nous aimons les dauphins, ce sont de si beaux animaux.

Nous repartons pour le village, nous avons une réunion de navigateurs, demain nous quittons Hatchet Bay pour Royal Island en compagnie de 2 autres bateaux.

Conditions de navigation

Pas de navigation aujourd'hui. Vents soutenus, un peu plus frais avec 22°, quelques nuages.

Ancrage

Pas de changements

Un clin d'oeil à l'histoire

Le pont porte son nom en l'honneur du peintre Winslow Homer qui avait peint le pont naturel en 1885 et avait intitulé son oeuvre le 'Glass Window'.

Je vous parlais ci-haut que le pont naturel avait été emporté par les flots. Le pont qui a été construit en remplacement du pont naturel a quant à lui été déplacé de 2 mètres par une vague gigantesque en 1991. 

Le mot du Capitaine

J'ai bien pris les heures des marées en prévision de traverser le Current Cut demain matin. Ce passage étroit entre deux îles comporte de forts courants et il est préférable de le prendre en sortant avec la marée. Je me suis laissé dire que le courant pouvait atteindre 8 noeuds en pleine marée montante. Nous viserons donc l'étale.




















dimanche 2 mars 2014

1 mars 2014 Alice Town Hatchet Bay Eleuthera

Le 1er mars 2014 Alice Town, Hatchet Bay Eleuthera

Le mois de mars, catalyseur d'énergies refoulées trop longtemps à se farcir des journées glaciales, nous apporte la promesse de jours plus cléments. Annonciateur du printemps, c'est le mois des cabanes à sucre et de la relâche scolaire.

Nous restons sur place à cause des vents qui encore une fois souffleront à 25 noeuds au cours des prochains jours et la prochaine fenêtre météo est prévue pour lundi. En attendant, nous déambulons dans les rues du village, allons au Da Spot en après-midi pour discuter avec les gens et ce soir, il y aura fête au village.  


Chaque année, ils organisent quelques soirées bénéfices pour les oeuvres caritatives locales et bien sûr c'est un rendez-vous à ne pas manquer. C'est au petit bar Da Spot qu'un groupe s'organise pour aller à la fête ce soir. Ça commence à 13 h jusqu'à...







Et c'est devant un bon plat de pâtes que nous terminons la soirée au Twin Brothers en compagnie de l'équipage du Zealand, Ursula et Michel de Québec.



Conditions de navigation

Pas de navigation aujourd'hui. Température de saison.

Ancrage 

Pas de changement

Clin d'oeil à l'histoire

Pas de chronique aujourd'hui

Le mot du Capitaine

Pas de chronique aujourd'hui.

Ouais, je sais ce que vous pensez, nous avons veillé tard et je n'ai pas les idées claires et les mots me manquent...Eh bien! Vous avez raison...Ma verve habituelle devrait me revenir demain...




















samedi 1 mars 2014

28 février 2014 Alice Town. Hatchet Bay, Eleuthera


28 février 2014 Alice Town, Hatchet Bay Eleuthera

Il pleut à boire debout. Aujourd'hui nous aurons droit à plusieurs averses, et contrairement à ce qu'on peut le croire, nous sommes heureux de cette manne tombée du ciel. La pluie rince notre pauvre bateau encroûté de sel. La pluie nous procure quelques 40 litres d'eau douce (2 bidons bleus). La pluie nous alloue un répit sur la chaleur, accablante par moment. La pluie nous octroie un après-midi au petit bar Da Spot où nous rencontrons des visages devenus familiers et avec qui nous discutons gentiment en sirotant une bonne Kalik bien froide au son de la musique locale. C'est aussi tout ça une journée de pluie.

Pour poursuivre ma lancée sur la présentation de Alice Town en photos, je vous brosse aujourd'hui un tableau peu reluisant, celui des ravages causés par les ouragans et le manque d'argent pour tout reconstruire.

Un terminal de propane en ruine



Le quai de déchargement des barges de propane



Le bateau d'un pêcheur qui aujourd'hui est guide touristique



Les rues désertées de ses occupants jetés à la rue à l'instant fatal du passage d'un ouragan.



Leur économie sous-jacente ne leur fait pas de cadeaux, ils travaillent souvent pour une bouchée de pain. Malgré tout, ils sont souriants et aiment la vie. À croire que l'argent ne fait pas le bonheur...

Conditions de navigation

Pas de navigation aujourd'hui. Pluie, température fraîche de 21°, un grain avec 25 noeuds de vent puis retour au calme.

Ancrage

Pas de changement


Un clin d'oeil à l'histoire

On a assisté a de vastes mouvements migratoires des peuples dont la première entre 500-800 ans de notre ère, lorsque les Taïnos fuyant la guerre avec les Caraïbes sont venus s'installer aux Bahamas. En 1000, ils avaient conquis le terrain aussi loin qu'à New Providence.

Au 15e siècle les Espagnols touchent le sol des Bahamas et Christophe Colomb appelle les indigènes les Lucayans (mot espagnol se traduisant par 'les îliens'. Il les asservit et les envoya sur l'île d'Hispanolia dans les champs de canne à sucre. Moins de 50 ans plus tard, les Taïnos avaient été exterminés jusqu'au dernier.

En 1648, la première vague d'immigrants Britanniques fuyant la persécution religieuse arriva à Cupid's Cay (Cigatoo ainsi que l'appelait les Taïnos).

Entre 1775 et 1783 après la guerre d'indépendance aux États-Unis, les loyalistes arrivèrent avec leurs esclaves aux Bahamas.

Le mot du Capitaine

Une bonne touée est gage d'une bonne tenue d'ancrage. Ce matin un yacht a chassé durant les grands vents, il a levé son ancre et s'est déplacé une fois, deux fois, trois fois pour finalement aller s'échouer sur les écueils. Il est le seul à avoir chassé alors la conclusion qu'il ne mettait pas suffisamment de chaîne s'impose. Nous pouvions voir sa chaîne bien droite plutôt qu'en longueur. Si nous avons amplement de place autour de nous, il n'y a pas de mal à mettre une touée de > 5 si vous avez assez de chaîne. 
Touée = profondeur multipliée par x + franc-bord. Par exemple, une profondeur de 10', un franc-bord de 3' et une touée de 6 = 10*6+3.