21 et 22 mars 2014 Nom de code : CANUSA
Ce matin du 21 mars c'est le grand départ, un dernier coup d'oeil à la météo nous indique que c'est toujours le bon moment pour effectuer ce long voyage, nous sommes fébriles. Levée de l'ancre à 8 h 30, le mercure affiche 21° et les vents sont à 7 noeuds du sud.
C'est en flottille de 5 bateaux que nous avançons à voile et moteur : Sagwa, Pinnacle, Magnolia, Eleanor Q et Compass Class. Nous avons choisi le nom de code CANUSA (contraction de Canada et USA) car nous sommes 2 bateaux canadiens et 3 états-uniens.
Distance parcourue 151 miles marins (272 km)
Durée : 26 heures
Vents : sur le banc les vents ont été plutôt doux, 7 à 10 noeuds du sud avec des vagues de 1 à 2 pied et puis en mer les vents sont passés à 15 à 20 noeuds avec des vagues arrières de 6 à 8 pieds et on a pris deux ris durant la nuit. Le Gulf Stream c'est comme une boîte de chocolats mélangés, on ne sait jamais sur quoi on va tomber et du coup, nous avons eu un parcours plus difficile qu'anticipé sans toutefois être trop hasardeux.
Magnolia a pris l'initiative de faire un rapport à toutes les heures de sorte que nous étions en contact visuel et radio avec les autres équipages. On y lisait la météo, les radars, les AIS, nos vitesses, nos cap compas, nos voilures, des petits rappels pour les drapeaux de quarantaine et on prenait des nouvelles de chacun. En toute franchise ce fut une très belle expérience.
Nous sommes arrivés à Fort Pierce à 10 h 30, ancrés devant le pont dans l'ICW, adieu eaux turquoises et limpides. Nous renouons avec les senteurs de la ville, ses bruits et son agitation. J'ai fait le rapport d'arrivée aux douanes et immigrations des É.-U. et ils nous donnent un numéro de pré-autorisation de 18 chiffres (rien de moins) et nous avons 24 heures pour aller physiquement à un poste douanier. Chose que nous avions oublié, ils nous demandent une taxe de 19 $ et nous devons avoir l'argent exact. Heureusement que Gigi de Pinnacle avait de la monnaie. On en a aussi profité pour demander notre permis de navigation (Cruising Permit). La CRV a démarré au quart de tour même après quelques mois d'inactivité. Bravo Honda!
Bon tout ça mais il est déjà 15 heures et nous n'avons pas mangé. Nous arrêtons au restaurant de la marina pour un bon repas et puis hop dodo, ça fait depuis vendredi matin qu'on a peu ou pas dormi en fait.
Conclusion
Nous avons acquis beaucoup d'expérience et avons développé une belle assurance qui nous a permis d'aller par delà mers et marées en solo. Il a fallu dompter nos appréhensions et ne pas tomber dans la phobophobie. Nous sommes allés à la rencontre de d'autres équipages qui comme nous veulent faire les longs cours en petite flottille et outre le fait de rencontrer des gens formidables, cela nous a permis de voyager d'une autre façon, à notre rythme, sans contraintes autres que celles imposées par Dame Nature.
À priori, la vie sur un voilier peut sembler idyllique mais il faut garder à l'esprit que c'est avant tout un mode de vie. Certes nos bateaux sont bien équipés et nous possédons tout pour notre bien-être; cependant, nous sommes loin du confort accessoirisé de nos maisons. La lenteur d'exécution des tâches les plus simples peuvent devenir ardues pour quiconque n'y est pas préparé. Néanmoins, dans notre cas, nous prenons cela avec un grain de sel et nous reviendrons passer nos hivers sur le voilier tant et aussi longtemps que nous aurons la santé pour le faire. C'est la dolce vita!
C'est donc une aventure inédite qui s'est déroulée, un nouveau roman qui s'est écrit avec des acteurs attachants et audacieux dans un scénario accrocheur et c'est à regret que nous en tournons la dernière page. Je vous ai noirci des pages truffées de palabres, d'histoires, d'images et de saveurs bahaméennes qui je l'espère auront su mettre un baume sur la froidure de l'hiver et aussi je caresse l'espoir qu'à travers mes récits vous ayez découvert un peuple souriant dans un coin de paradis où il fait bon vivre.
Voilà, en terminant je voudrais vous exprimer ma gratitude pour m'avoir suivie tout au long de cette année voire depuis le début de notre aventure. Votre présence m'a soutenue, vos commentaires m'ont nourrie, votre assiduité a fait danser mes doigts sur le clavier même par certains jours où je pensais n'avoir pas grand chose à raconter.
Au revoir et bons vents!